78

Annabel s’approcha de la porte d’entrée.

Que devait-elle faire à présent ? Se précipiter au sous-sol, là où il y avait de la lumière, pour que ce... fou n’exécute pas Brolin ? C’était se jeter dans le vide sans la moindre assurance, elle n’avait aucune chance de survie. Mais Brolin va mourir !

Brolin était peut-être déjà mort.

Ne pas tergiverser. Le fou devait être en train de l’observer, dissimulé derrière une de ces fenêtres.

Qui était-il ? Annabel ne comprenait plus rien. Gloria Helskey était morte, il n’y avait aucun doute là-dessus. Était-ce un règlement de compte n’ayant rien à voir avec cette affaire ?

Non, c’était lié avec les araignées. Avec ce tueur qu’ils pensaient avoir démasqué ce soir. Une mise en scène.

En découvrant son cadavre, ils avaient supposé que Gloria Helskey était une fausse identité pour Constance Abbocan. Le vrai tueur, Constance, avait joué sur ce que la police savait, ou croyait savoir.

Subitement, le nom qu’elle venait de voir sur la boîte aux lettres l’interpella.

Connie d’Eils.

La technicienne de laboratoire à NeoSeta. Annabel se mordit la lèvre en réalisant le parallèle du prénom.

Connie. Un diminutif de Constance. Annabel chassa sa curiosité, l’heure n’était plus à l’enquête. Elle devait prendre une décision.

Que fallait-il faire ?

De toute manière, elle ne pouvait plus faire demi-tour, si Brolin était encore en vie c’était maintenant qu’il fallait agir. Revenir sur ses pas pour aller prévenir les flics le condamnerait à mort.

Annabel prit son Beretta dans sa main gauche avec toujours ce sentiment de gêne. Elle savait qu’en cas de nécessité, elle serait bien moins efficace, moins précise qu’avec sa main droite. La jeune femme essaya de bouger les doigts sous l’attelle, en forçant. Une décharge puissante remonta dans son poignet.

C’était risqué.

« Tant pis », se dit-elle. Elle entreprit d’arracher le bandage en vitesse et de défaire son attelle qu’elle laissa tomber. Cette fois elle ferma le poing et ses deux doigts cassés protestèrent à grand renfort de pics douloureux. Annabel transféra son arme dans sa main droite. En cas de besoin, elle devrait maintenir la crosse de toutes ses forces avant de presser la gâchette et serrer les dents.

Elle était sur le palier, elle ouvrit la porte sur le vestibule étroit.

La gueule de son arme pointée devant elle.

Il lui fallait trouver l’accès à la cave, c’était là que Connie avait laissé les lueurs de ce qui devait être des bougies.

C’est là qu’elle veut que tu ailles !

Et sachant qu’Annabel descendrait, la tueuse pouvait avoir préparé le terrain en conséquence. Elle serait cachée quelque part sur son chemin. Elle laisserait passer la détective devant elle et sortirait de sa tanière au dernier moment, par-derrière. Et tout s’achèverait ainsi.

Annabel fut tentée de fouiller rapidement le rez-de-chaussée, pour s’épargner toute mauvaise surprise. Elle posa un pas en avant et s’arrêta. Elle n’avait pas ce temps.

Brolin pouvait être en train d’agoniser à ce même instant.

Annabel avança dans le couloir. Le plancher grinça sous son poids.

Maintenant le tueur savait qu’elle était entrée.

Son oreille capta le balancier bruyant d’une grosse horloge dans une pièce toute proche.

L’obscurité était trop dense pour qu’elle puisse discerner les détails. Elle devait allumer, elle ne pouvait faire autrement.

Ses doigts libres tâtonnèrent à la recherche d’un interrupteur, tous ses autres sens aux aguets. Elle en trouva un qu’elle actionna sans résultat.

Le compteur. A la cave bien sûr. Elle est maligne...

Le prédateur qui traque sa proie en terrain connu a l’avantage. D’autant plus lorsque cette dernière est aveugle.

Annabel se déplaça vers une ouverture sur le côté. Une pièce assez grande, la clarté lunaire pénétrait par les fenêtres et se reflétait dans la plaque de verre d’une table basse. Annabel reconnut un salon. Elle le fouilla du regard dans l’espoir d’y distinguer un téléphone. Sans résultat.

Elle ne pouvait attendre plus longtemps. Il fallait descendre.

La jeune femme continua sa progression dans le couloir. Un escalier grimpait à l’étage sur sa droite. Il faisait un coude après quelques marches et il était envisageable qu’on s’y soit posté pour attendre le passage de la détective. Annabel braqua son canon dans cette direction et passa.

Une autre ouverture devant elle, avec une pénombre argentée, la présence d’une fenêtre.

Annabel prit son inspiration et fit irruption dans la pièce en effectuant un panoramique complet, le Beretta devant elle.

Pièce vide.

Sauf une porte entrouverte.

Et une lueur ambrée qui dansait parmi les ombres au-delà. La cave.

À cet instant, Annabel réalisa que le balancier de l’horloge avait été remplacé dans sa tête par les battements de son cœur.

Torp-torp. Torp-torp. Réguliers. Non pas rapides mais soutenus.

Répartissant sa stabilité, elle s’approcha avec les jambes relativement écartées.

Du bout du pied, elle ouvrit la porte.

Un escalier de bois s’enfonçait dans les entrailles de la demeure. Une bougie posée à mi-chemin, juste dans le coude qu’effectuait le serpent de marches. Du faux lierre recouvrait les murs, transformant la descente en grotte digne de l’antre des Morlocks.

Torp-torp. Torp-torp. Plus fréquents.

Annabel baissa la tête et entra.

Elle progressait en longeant la paroi la plus proche du coude, pour offrir le moins d’angle de tir possible à un éventuel agresseur l’attendant en bas.

Les marches couinèrent sur son passage.

Puis elle déboucha dans la première salle du sous-sol, longue et floue. Une bougie brûlait à même le sol de l’entrée d’une seconde pièce, à bonne distance. Un fin corridor de clarté s’étendait en direction d’Annabel, si fin qu’il n’ouvrait qu’une maigre brèche dans le royaume de ténèbres. Annabel ne pouvait absolument rien voir de ce qui se trouvait de part et d’autre de son chemin. Elle ne percevait même pas les murs.

Il suffisait de suivre la route de brique jaune, comme dans Le Magicien d’Oz, se dit-elle pour tenter de se rassurer. Un sentier de brique jaune au milieu d’une nuit opaque.

Torp-torp. Torp-torp. Torp-torp. Son cœur s’accélérait de plus en plus.

Annabel eut l’impression que son arme n’était plus aussi menaçante, que son canon tremblait.

Sa respiration était contenue, elle s’efforçait d’inspirer et expirer lentement, même si son corps réclamait plus d’air. Elle ne devait pas faire de bruit.

Elle avança.

Deux mètres.

Une goutte tomba dans de l’eau sur sa gauche.

Elle braqua son Beretta aussitôt vers l’obscurité.

Aucun son. Elle ne voyait rien.

Annabel déglutit et reprit sa direction.

Quatre mètres.

L’autre pièce se rapprochait.

Elle pouvait y apercevoir une table de camping assez réduite. Et des aquariums avec de la terre dans le fond et... Ça n’était pas tout à fait des aquariums, remarqua-t-elle.

Évidemment, ce sont ses terrariums ! hurla une voix dans son esprit.

De là où elle se trouvait, Annabel ne parvenait pas à discerner les araignées à l’intérieur.

Puis elle se rendit compte qu’ils étaient tous ouverts. Et tous vides.

Immédiatement, Annabel scruta tout autour d’elle.

Son arme ne pointait plus dans l’alignement de ses pas, mais sur le ciment du sol.

Cette fois son corps s’était affolé. Elle ne parvint plus à contenir sa respiration et avala l’air à grandes goulées, trahissant encore plus sa position.

Et Annabel y alla.

Elle entra dans le vivarium de Constance.

Des fausses plantes recouvraient la moindre parcelle, le même faux lierre que dans l’escalier tapissait les murs depuis le plafond, et dégringolait, parfois au beau milieu de la pièce ; l’atmosphère était plus proche d’une jungle que d’un sous-sol en pleine ville.

Le soupirail, lui aussi, disparaissait en partie derrière une forêt de tiges.

Toutes ces feuilles vertes, tous ces recoins tortueux, autant de tanières potentielles pour les araignées qui n’étaient plus derrière leur paroi de verre.

Le souffle fébrile, Annabel se tourna pour embrasser tout le repaire de Connie d’Eils d’un seul regard.

Pour tomber nez à nez avec son corps.

Dépecé.

Du cou jusqu’aux mollets, une peau flasque et grasse était accrochée à une patère. Annabel comprit en s’approchant.

C’était un costume de latex, une combinaison qu’on pouvait enfiler pour faire croire que l’on était bien plus gros qu’en réalité, comme dans ces films avec Eddie Murphy ou Robin Williams.

Connie d’Eils était aux yeux de tous une femme réservée, grosse et mal dans sa peau. Le soir, en enlevant sa perruque et sa deuxième peau, elle redevenait Constance, une femme sportive, au physique troublant, terriblement androgyne.

Et Annabel avisa la fente derrière le costume. Une autre ouverture, en partie masquée par la peau et par les rideaux de végétation.

Annabel recula d’un pas pour l’ouvrir de moitié.

Une odeur aigre l’assaillit d’un coup. Il y avait une dernière salle au-delà. Des étagères soutenaient des bocaux juste à côté de l’entrée.

Et au centre, allongé sur une table, reposait Joshua Brolin. Il n’était maintenu par aucun lien. Ses yeux étaient ouverts. Fixant le plafond avec une parfaite immobilité. Annabel bloqua ses hanches tandis qu’elle s’apprêtait à se précipiter sur lui. C’était ce qu’on attendait d’elle.

Plutôt que de foncer, elle fit volte-face pour inspecter ses arrières, le puits de plantes et ses multiples recoins. Personne.

Il ne restait plus qu’une possibilité : Connie d’Eils se trouvait avec Brolin, plaquée derrière la porte, ou attendant sous la table.

Elle pouvait aussi être dans les ténèbres de la première salle, là où tu ne voyais rien ! Non, ça n’avait aucun sens, elle aurait attaqué en voyant Annabel passer, elle aurait pu la surprendre aisément.

Le spectre de la mort était juste là, de l’autre côté, guettant ses mouvements, la détective en était sûre. Elle frapperait quand Annabel contrôlerait l’état de Brolin. Oui, c’était ça, lorsqu’elle lui tournerait le dos.

Brolin qui ne bougeait plus.

Non, il n’est pas mort ! C’est une apparence, c’est encore ce produit, cette toxine ! se répétait la jeune femme pour se convaincre.

Elle devait agir.

Annabel repéra un des bocaux avec l’étiquette « soude » sur l’étagère à l’entrée de ce cachot où gisait Brolin. Elle prit sa décision en un instant.

Et s’élança.

Elle donna de toutes ses forces un coup de pied dans la porte à demi-ouverte pour qu’elle vienne heurter le plus violemment possible ce qui se trouvait derrière. Dans le même élan, elle attrapa le bocal de soude de sa main libre et le jeta sous la table pour arroser toute la portion où Connie d’Eils était susceptible de s’être cachée.

Le verre se brisa et son contenu se répandit tout autour.

Annabel était déjà trois enjambées plus loin, les épaules collées contre la paroi pour ne pas craindre ce qu’elle ne pouvait voir venir.

Son canon fouillait à toute vitesse la pénombre, droite, gauche, par terre. Annabel fit une flexion pour braquer le dessous de la table.

Personne.

Et si le tueur s’était déjà échappé ? Avec le choc, la porte avait rebondi et s’était presque refermée.

La jeune femme vint au chevet de Brolin. Il était figé dans l’absolu. Le détective privé était mort. Annabel arrivait trop tard.

Non, elle refusait d’y croire. C’était encore un tour du tueur, de Connie, elle l’avait empoisonné à la tétrodotoxine, elle ne pouvait l’avoir tué. Elle n’aurait pas pris ce risque tant qu’Annabel n’était pas arrivée, pour s’assurer qu’elle n’avait pas prévenu la police. Brolin aurait pu, dans le pire des cas, lui servir d’otage.

Annabel posa sa main sur le front du détective privé. Il était chaud.

Les émanations de la soude commençaient à lui piquer les yeux. Il fallait sortir.

La jeune femme comprit soudainement pourquoi elle ne croyait pas à cette mort. Ce que son esprit n’avait pas tout de suite analysé, ses sens l’avaient fait.

Les yeux de Brolin s’humidifiaient de plus en plus. Des larmes se formaient. Il réagissait aux vapeurs de soude.

On lui avait injecté juste ce qu’il fallait de toxine pour le paralyser, pas pour le tuer.

Une joie sans borne envahit Annabel, elle eut envie de hurler tant elle avait besoin de vider son trop-plein d’émotion.

Pourtant elle n’en fit rien.

Tout sourire s’effaça sur-le-champ.

Son cœur tressauta dans sa poitrine, triplant de vitesse d’un coup.

Il y avait une tache noire entre les lèvres de Brolin. Un minuscule corps aux articulations multiples qui se trémoussait.

Annabel l’identifia sans peine, à cette espèce de sablier rouge sur son abdomen.

Une veuve noire était posée à l’envers entre les lèvres du détective privé. Pincée sur le dos par son abdomen, l’araignée ne parvenait pas à se redresser. Elle ne pouvait fuir.

Ni mordre.

Pas tant que le privé n’esquisserait pas le moindre mouvement avec sa bouche. Et tant qu’on ne le déplacerait pas.

C’était l’une de ces créatures particulièrement dangereuses. Mortelle.

Annabel se contraignit à calmer sa respiration. Ça n’était pas si grave. Avec un objet adéquat et un peu de temps, elle pourrait saisir l’arthropode et l’enlever. Il suffisait d’être concentrée.

Un geste franc et précis.

Il y eut une seconde ou Annabel fut emplie d’espoir. Jusqu’à ce qu’elle remarque l’odeur. Un parfum agressif, de plus en plus diffus dans le sous-sol. Et elle comprit.

Finalement, Connie d’Eils allait avoir le dernier mot. Annabel et Joshua étaient pris dans sa toile. Toute la maison allait sauter. C’était l’odeur du gaz.

Annabel observa alors la danse narquoise de la flamme de la bougie posée sur le sol.

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